Interview avec Denise Silber / E-Santé

15/10/2013 18:40

       

Nous avons eu la chance d'interviewer Denise Silber, spécialiste de l’utilisation des TIC dans la Santé, blogueuse, auteur, intervenante et fondatrice de la SARL Basil Strategies.

1. Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre site ?

Je me consacre professionnellement à la Santé digitale depuis les débuts de l'Internet, il y a bientôt 20 ans ! Ce faisant, la mission que je me suis donnée est de participer à l'amélioration de la qualité des soins au bénéfice des patients. C'est pour pouvoir développer ce domaine que j'ai créé la société Basil Strategies. C'est une agence qui a une double activité : conseil en communication digitale et organisation d'événements -- congrès et formations. L'événement phare est le congrès international intitulé "Doctors 2.0 & You", qui se déroule en juin à la Cité Universitaire Internationale de Paris. En 2014, nous lançons les "Matinées de Doctors 2.0 & You", Paris 8e. La première aura lieu le 3 février et s'appellera : le Diabète 2.0.

Nous gérons un site bilingue pour Basil Strategies, https://www.basilstrategies.com  un autre site bilingue pour Doctors 2.0 & You, https://www.doctors20.fr ; il y a aussi mon blog personnel, "DeniseSilber.com" en français, toujours bilingue, à quoi s'ajoutent tous nos comptes sur 7 plateformes de médias sociaux, sans compter ceux des clients.

Concernant mon blog www.denisesilber.com, je l'ai lancé en juillet 2005, pour pouvoir être en contact avec ceux qui s'intéressent aux mêmes sujets. Depuis 2001, j'avais une newsletter sur l'e-santé, qui était très appréciée de mes contacts, mais limitée dans sa diffusion, étant une newsletter non appuyée sur un site. J'ai arrêté la newsletter, car le blog était ce qu'il y avait de mieux pour aller plus loin. À cette date, même Facebook n'était pas encore ouvert au public.

        2. Quelle est votre définition du terme e-santé ?

Il y a de nombreuses définitions de l'e-santé, dont certaines qui sont "officielles". Cela se résume à  -- "l'ensemble des services numériques qui accompagnent les questions de santé". Ce terme existe depuis à peu près 1997, inventé par un financier américain, sur le modèle de "e-commerce" ou "e-business", alors qu'il fallait quelque chose d'analogue pour la Santé. Aujourd'hui, je dirais que "e-santé" est un peu limitatif ; ce terme fait surtout référence à la partie organisée et officielle du monde numérique et des systèmes d'information... Je parle plus volontiers de "santé digitale" pour tout englober, le formel et l'informel. Cette distinction tient à l'usage, bien plus qu'à des définitions logiques car "e" et "digital", c'est la même chose.

        3. Quels sont selon vous les objectifs de l'introduction des TIC dans le domaine de la santé ? Qu'apportent-elles ?

L'introduction des TIC dans la Santé a été au début l'oeuvre de quelques professionnels de santé, notamment hospitaliers, qui essayaient de résoudre un problème professionnel par l'introduction d'un logiciel. Ils s'étaient souvent formés tout seuls à l'informatique, et se disaient : avec tel logiciel, dans mon service, nous pourrions améliorer le suivi des patients... Le dossier médical, de manière théorique, existe dans la littérature médicale depuis plus de 40 ans. La télémédecine est née du besoin de venir en aide à distance aux militaires, aux astronautes, aux prisonniers. La médecine nécessite, et de plus en plus, une bonne circulation de l'information, des données médicales, au bon endroit au bon moment. Sans informatisation, c'est impossible.

        4. Y a-t-il des risques à l'introduction des NTIC dans le domaine de la santé ?

Bien sûr, il y a tout et son contraire. Sans électricité, il n'y a pas de court-circuits. L'informatique, qui est là pour réduire l'erreur médicale, peut introduire d'autres erreurs, quand c'est mal fait. Il peut y avoir des problèmes d'atteinte à la vie privée (qui sont également possibles en dehors de l'nformatique). L'usage du Web et du mobile peuvent être addictifs, et enfin, tant que 100 % de la population n'est pas connecté, cela veut dire qu'il y a inégalité des chances.

        5. Où se positionne la France par rapport aux autres pays européens dans le domaine de la e-santé ?

Même si la France ne manque pas d'ingénieurs et si le pays est bien doté en réseaux de télécommunication, les leaders en Europe en matière d'e-santé sont le Danemark et les Pays-Bas. Dès les années 1980, le Danemark a introduit dans ses régions l'échange informatisé des données patients entre médecins. Les Pays-Bas ont beaucoup innové aussi, à l'hôpital et en ville. Ce sont deux pays de taille modeste comparée à l'Europe des 5. Il est plus facile d'étendre l'informatique à "tous" lorsque le nombre est moins élevé. Après, je dirais que l'Angleterre, malgré les critiques justifiées concernant son programme national qui a consommé beaucoup de moyens financiers sans aboutir, a produit plusieurs outils informatisés intéressants aussi bien pour les professionnels que pour les patients. La France a quelques hôpitaux numériques intéressants, le dossier pharmaceutique est très largement diffusé... La France a aussi un historique ancien en matière de télémédecine, mais les projets n'ont pas atteint une échelle réellement intéressante. La France pourrait accélérer son implantation "e-santé".  Les cartes ne sont pas jouées.

        6. En quoi le canaux digitaux représentent-ils un levier de performance pour les laboratoires pharmaceutiques ?

Pour les laboratoires pharmaceutiques, le digital devrait permettre d'innover dans les échanges - mais ce n'est pas si simple. L'investissement par les laboratoires en France se situe majoritairement au niveau des professionnels de santé, notamment pour des raisons réglementaires : les entreprises du médicament ne peuvent communiquer directement auprès du public, en ce qui concerne les produits remboursés. Donc, les laboratoires vont plutôt investir dans des aides visuelles électroniques, des applications mobiles, des programmes de formation s'adressant aux professionnels de santé.


7. Les 6 et 7 juin derniers, votre cabinet, Basil Strategies, a organisé la conférence Doctors 2.0 & You. Pourriez-vous nous parler de cette édition 2013 ?


L'édition 2013 de Doctors 2.0 & You nous a permis de réunir plus de 400 personnes et de leur proposer des interventions par des speakers venus de près comme de loin (Europe, Amérique du Nord, Moyen-Orient, Asie). Le premier jour, les participants avaient le choix parmi une vingtaine de workshops, de démos et posters, du networking avec des start-ups. Et le deuxième jour, la session plénière. C'est une tradition forte chez nous de rassembler tous les Acteurs de Santé à Doctors 2.0 & You, car ce n'est qu'ainsi que le système peut évoluer. L'autre tradition, tout aussi forte, est de mettre en avant les Patients. Nous les appelons les "ePatients", mais ce sont des Patients avant tout. Ils participent en tant que speakers, modérateurs, membres de jurys... D'autre part, nous valorisons l'apport des Médecins innovateurs, souvent des médecins de terrain qui inventent de nouveaux outils et usages -- sans oublier les start-ups, pour lesquelles est organisé un concours. Plusieurs idées fortes sont sorties de cette édition que nous avons baptisé "du rêve à la réalité". Je vous en donne quatre :

1) L'usage des nouvelles technologies s'est concrétisé dans de très nombreuses conditions médicales.

2) La qualité des applications mobiles n'est pas toujours au rendez-vous, mais les évaluations en cours vont commencer à avoir leurs effets.

3) La très grande importance de la vidéo éducative.

4) Nous avons même présenté du "Google Glass médical" en avant-première, au moins en France, si ce n'est en Europe.

        8. À quoi peut-on s'attendre pour l'édition 2014 ? (5 et 6 juin 2014 à Paris).

D'abord, je vous annonce une nouveauté : 

En 2014, nous lançons les Matinées de Doctors 2.0 & You, un congrès condensé en une matinée, en quelque sorte.  Le 3 février, à Paris 8e, aura lieu la première "Matinée" de Doctors 2.0 & You. Elle sera consacrée au Diabète 2.0, avec une dizaine d'intervenants de tous horizons de la Santé.

Les 5 et 6 juin, 2014, pour la 4e édition de Doctors 2.0 & You, notre objectif sera, une fois de plus, d'apporter le meilleur contenu possible. Notre public évolue. Chaque année, les thèmes doivent progresser et nous inviterons, pour ce faire, une cinquantaine de speakers nouveaux. Je sais déjà qu'il y aura un nouveau speaker, une epatiente qui parlera de "la Sclérose en plaques et les médias sociaux",  puis un médecin qui présentera "un outil qui facilite la recherche d'informations par les médecins pendant la consultation". D'après ce que je vois dans l'environnement, nous allons parler aussi de "Quantified Self", de "Serious Game", de "Google Glass", d'applications, de communautés en ligne, de "e-réputation et médicaments" (pharmacovigilance), de "e-réputation et hôpital"...

 

Par Andrea Pavesi

Pour en savoir plus:

 @Doctors20

Kit médias sociaux: https://www.doctors20.fr/toolkit-medias-sociaux/

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